Manhole, mon manga a des vers

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Premier manga sérialisé de Tetsuya Tsutsui, après les deux « one shot » Duds Hunt et Reset, Manhole est, paradoxalement, le dernier en date que j’aurai lu.

291551321X-large-manhole-tome-1-volume-1.jpgJe ne vais pas revenir sur Prophecy ou Poison City, je me suis suffisamment épanché dessus (suffit de cliquer sur les liens), mais à mon sens il s’agit là de son œuvre la plus abouti (même si Poison City n’est pas encore achevée). Tout commence par la mort d’un jeune homme, nu, tout droit sorti d’une bouche d’égout (manhole, en anglais), en pleine rue marchande de la petite ville de Sasahara. D’abord prise pour une vulgaire histoire de junky, l’affaire va prendre une toute autre tournure quand les deux inspecteurs en charge du dossier, vont découvrir que l’homme était infecté par un virus. Ce virus c’est la filariose, plus communément appelé « Mon chien a des vers ! ». Il s’agit en réalité de parasites proliférant dans le corps de leurs victimes, se déplaçant d’un hôte à l’autre via le sang, et notamment par le biais d’insectes vecteurs (en l’occurrence, les moustiques). Très vite, la police va faire le lien avec un mystérieux photographe, de retour d’un périple d’un an au Botswana, qui serait entré en contact avec la famille de la victime. L’affaire va alors prendre une tournure inhabituelle, entre pressions criminelles, médiatiques et politiques.

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Les bouches d’égouts, ça me rappelle à chaque fois C.H.U.D. (les vrais savent…)

2915513228-large-manhole-tome-2-volume-2.jpgPour vous avoir régulièrement parlé de l’auteur, nul besoin de s’attarder sur la qualité graphique de l’œuvre. Comme toujours avec lui, c’est fin, détaillé et précis. Les personnages se distinguent bien les uns des autres et les environnements sont fournis. Du côté des dialogues aussi, on est en terrain connu, avec des propos matures qui ne s’embarrassent pas de style alambiqué. L’idée c’est de rester le plus crédible possible, et de ce côté-là c’est réussi. Si l’on peut reprocher à Prophecy de s’être un peu égaré sur la fin ou à Poison City de manquer de rythme, Manhole n’a pas grand-chose contre lui par contre. L’enquête est passionnante, les personnages principaux un peu cliché mais suffisamment attendrissants pour qu’on passe outre, l’histoire très détaillée et documentée est réglée comme du papier à musique. Contrairement à ses autres mangas, celui-ci n’est pas dénué d’humour, notamment dans la relation entre l’inspecteur un peu bourru et son adjointe, plus jeune et expansive. Comme beaucoup d’autres œuvres avant celle-ci (littéraires, cinématographiques…), c’est autour de ce tandem complémentaire, cette relation presque paternelle, que s’articule l’intrigue. Du déjà-vu donc, mais réussi et efficace.

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C’est un peu l’histoire de ma vie, l’été, quand y a des moustiques.

2915513236-large-manhole-tome-3-volume-3.jpgRésultat, un sans-faute pour ce Manhole, dont les trois tomes se dévorent d’une traite, tant chaque page donne envie de passer à la suivante. Malgré le thème éculé abordé (un virus qui se propage en ville) et les personnages un peu trop stéréotypés (la relation père-fille des deux inspecteurs principaux, le commissaire carriériste, etc.), l’intrigue reste excellente et nous garde en haleine. Attention toutefois, car s’il n’a rien de gore ou de malsain, contrairement à ce qu’en a dit la censure (cf la critique de Poison City), certaines images, voire certains propos de ce manga peuvent choquer la sensibilité des plus jeunes. C’est d’autant plus vrai que le récit reste tout ce qu’il y a de plus crédible, même s’il tend quelque peu vers la science-fiction (notamment pour tout ce qui tourne autour du virus et de ses conséquences sur l’organisme humain). Bref, je vous conseille très largement ce manga, que je considère tout simplement comme étant le meilleur de l’auteur, le plus abouti surtout. Plus classique que Prophecy, moins personnel que Poison City, mais bien mieux maîtrisé en terme de rythme et de narration.

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