L’heure du loup : A dévorer saignant

4

Pour ma première critique littéraire, j’ai décidé de revenir sur l’un des romans qui a le plus marqué ma jeunesse.

Je n’aime pas les romans d’épouvante !

001-788.jpg
Avec une telle tronche et un tel manque de goût vestimentaire, Stephen King doit en connaitre un rayon sur l’horreur… c’est juste con qu’il ne sache pas écrire.
L’heure du loup, de Robert McCammon (paru en 1989), est un phénomène inexplicable, l’un des plus grands mystères de ce monde : Il est le seul roman d’épouvante à ce jour, que j’ai aimé.
Il faut dire que j’ai beaucoup de mal avec ce genre et que je vomis Stephen King, par exemple, que je considère comme le Marc Levy de l’horreur.

Pourtant, dès les premières pages, L’heure du loup m’a littéralement happé et digéré, avant de me recracher, groggy, au bout des 600 pages qui composent ce pavé… un véritable marathon pour l’adolescent que j’étais alors.
Très longtemps, ce roman m’a marqué et j’y repensais régulièrement, en parlait autour de moi. Jusqu’au jour où je me suis dit qu’il serait peut-être temps de le relire, pour voir si l’adulte que je suis devenu, nourris au Kafka, Roth, Conroy et autres Carrère, est toujours convaincu qu’il s’agit d’un des meilleurs ouvrages du genre. Et une fois encore, je l’ai englouti avec la même ferveur.

002-762.jpg
C’est bizarre cette fascination presque morbide, qu’on les hommes pour les loups.
Il faut dire aussi, pour être tout à fait honnête, que ce roman n’est pas totalement un roman d’épouvante. Il contient de nombreuses scènes barbares et sanguinolentes, particulièrement détaillées d’ailleurs, mais se marie avec d’autres genres, comme les romans d’aventures ou d’espionnage notamment. Car si le héros, Michael Gallatin, est un loup-garou particulièrement cruel, il n’en est pas moins un espion durant la seconde guerre mondiale, dont le sport favori est de sauter à la gorge des nazis.

My name is Gallatin, Michael Gallatin

Sa force, ce roman la doit beaucoup à son personnage justement. Véritable James Bond des années 40, y compris dans son rapport avec les femmes, Michael Gallatin déborde de classe, et d’un charisme qu’on ressent au-delà des mots de l’auteur. Même transformé en loup, il broie les os et déchire les chairs de ses adversaires avec panache.

Surtout, si en tant que roman d’aventure et d’espionnage aux relents horrifiques, le récit pourrait très bien se suffire à lui-même, l’auteur va tout de même plus loin, en alternant régulièrement entre le présent de cet espion en pleine seconde guerre mondiale, et son passé de jeune aristocrate russe en pleine guerre civile, mordu par un loup et contraint de rejoindre la meute.

004-654.jpg
Si ça se trouve, Poutine est un loup-garou… Ça expliquerait bien des choses.
C’est cette dualité qui, à mon sens, fait sortir L’heure du loup du lot. Car contrairement à d’autres romans de ce type (parmi ceux, peu nombreux je l’admets, que j’ai lu), le livre de Robert McCammon ne se contente pas d’enchainer les scènes chocs et les séquences d’action. Il crée une certaine proximité, presque une intimité entre le lecteur et la meute que, pour ma part, je n’ai jamais ressentie dans quelques films, livres ou tous autres médias traitant de la lycanthropie que ce soit.

Après, il est clair qu’il ne faut pas s’attendre non plus à de la grande littérature. Cela reste un roman fantastique, qui plus est d’un auteur reconnu mais relativement populaire.
Ça se lit facilement malgré les 600 pages, c’est rempli de dialogues et vous ne risquez pas de tomber sur des phrases de deux pages, blindé ras la gueule de virgules, points virgules et autres parenthèses, comme peut-en être friand Philip Roth par exemple.

Bref, il est préférable de savoir où l’on met les pieds, mais une fois dedans, ça se déguste comme un bon film d’aventures… même si emporter du pop-corn dans le métro, ce n’est pas franchement pratique.

4 Commentaires
Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *