Dead Space, ingénieur du sang

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On dit souvent que le manque d’originalité ne paie pas, pourtant si Dead Space est bon il n’est vraiment, mais alors vraiment pas original du tout. (Au passage notez l’ironie du sort puisque EA voulait avec ce jeu lancer une « nouvelle IP originale » hinhinhin.)

Déjà vu

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Ah oui, aussi, c’est quoi ce design de merde pour le héros ? Sans déconner. Ingénieur ok mais bon…
J’ai rarement vu un jeu s’inspirant, voir copiant, autant d’autres jeux… Des décors métalliques et plus ou moins restreints à la Doom 3, une narration interactive (sans cinématique si ce n’est à la toute fin) à la Bioshock, un pointeur laser manuel pour retrouver son chemin comme la trace lumineuse de Fable 2, une carte 3D à la Metroïd Prime, un système d’impesanteur à la Prey mais en plus libre puisque concentré sur toute la/les pièces où la gravité a disparu, la télékinésie utilisant le principe du Gravity Gun de Half-Life 2, la vue et le gameplay (y
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Les headshots ne servent à rien, mais c’est toujours fun.
compris l’achat d’items et la gestion de coffres) de Resident Evil 4, un héros muet et le switch d’armes qui apparaissent magiquement dans la main du héros comme dans Grand Theft Auto III, des possibilités d’améliorations comme dans bons nombres de RPG … Sans compter que le scénario renvoie parfois directement au film Alien, la vache, ça fait beaucoup quand même ! Et ce ne sont ici que les références les plus flagrantes alors bordel, c’est dire.

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Vous changez les skins du héros et du monstre et c’est Resident Evil4 tout craché jusque dans la posture.
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Dans ce genre de situation (notez le restant de vie…) je pète un plomb et j’insulte la Terre entière.
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Les phases en impesanteur sont pas mal faites du tout.

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Quand c’est comme ça on doit marteler le bouton A pour se dégager, stress.
De même les méthodes pour nous faire sursauter ne sont pas… surprenantes, ça marche lors des deux premiers épisodes (12 au total) puis leur réutilisation à foison ne nous surprendra plus jamais (chaque conduit d’aération est une menace potentielle, chaque extra-terrestre allongé au sol dans une pièce encore non visitée va se relever soudainement devant nous etc etc etc…). On peut aussi tiquer sur l’intégration du menu via une sorte d’hologramme bêta et prise de tête qui ne met pas le jeu en pause (contrairement à la plupart de la presse je trouve ça très mal foutu, ben ouais, vous n’allez pas me dire qu’en vrai on mettrait 12 ans à sélectionner un item dans sa besace ? Ben là à cause de ça si… d’où l’utilité primordiale de la pause à l’origine…), le héros qui portent un milliard de choses qu’il met on ne sait où (je dirais bien dans son cul mais c’est usée comme vanne), le fait que le dit héros ne s’exprime jamais par quelconque moyen que ce soit comme un jeu d’il y a 10 ans, le fait qu’on nous empêche de courir quand une scène (non cinématique) où un PNJ nous parle dans la pièce
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J’ai beaucoup apprécié mater l’espace lorsque c’était possible, ça fait respirer un peu vu qu’on passe sa vie à l’étroit avec des streums.
à côté s’enclenche, les extra-terrestres qui lâchent des items dès qu’ils meurent comme si c’était parfaitement normal… Et puis le scénario super convenu qui démarre en plus tardivement, vers les derniers épisodes, et qui propose des rebondissements de merde qu’on voit arriver à 3 kilomètres. En même temps avec un picth comme ça (voir dans la colonne sur votre droite), fallait pas s’attendre aux surprises.

Contrat rempli

Oui mais voilà, malgré tout ça, tout cet air de déjà vu, tous ces défauts stupides et finalement peu importants, hé ben Dead Space est bel et bien prenant. Il y a des petites idées pour le coup originales et chouettes comme la jauge de vie intégrée dans le dos du héros, comme les messages audio/vidéo/textuels sous forme d’hologrammes (là c’est bien intégré), comme le fait que pour buter les E.T. il est impératif de les démembrer et non de faire des headshots ou de tirer sur leur corps. Les armes sortent également de l’ordinaire et si elles ne sont pas nombreuses (moins d’une dizaine) et que le quart d’entre elles sont inefficaces, on apprécie beaucoup celles qui restent tout comme on apprécie la stase (permettant de ralentir ses ennemis ou des objets) et la télékinésie. Plus on avance plus les monstres sont nombreux et moins on a de munitions, le stress est assez intense sur toute la dizaine d’heures de jeu et, Fylodindon peut en témoigner, ça faisait bien longtemps que je ne m’étais pas autant énervé sur un jeu. Et ça, c’est bien ! On se sent vite oppressé dès qu’il y a plus de deux nécromorphs dans les parages et je peux vous jurer que vous vous maudirez si vous avez voulu faire le malin en conservant vos crédits pour acheter une nouvelle tenue au lieu d’acheter de précieuses munitions lors du dernier passage à un Stock…

Autre aspect très positif, on est face à un jeu vraiment gore. Tout dépend de votre sensibilité/façon d’apprécier la chose, mais pour moi c’est une véritable qualité de me dire que les bestiaux ne sont pas là pour nous faire des bisous mais pour arracher des têtes. D’ailleurs le principe du nécromorph est de s’emparer d’un corps humain pour se muter à travers lui et devenir plus puissant, fun. Pas original ok, encore une fois, mais fun, surtout à voir. Tout comme les derniers humains restant encore en vie qui ont tous perdu la boule au point de se l’éclater contre les murs, ou de se foutre des coups de tournevis dedans… Autre truc sympatoche : la variété des situations et décors. Bon c’est minime vu que le principal du temps on reste dans des couloirs étroits, des ascenseurs et des pièces fermées à casser du bras de nécromorphs (parfois même on retraverse les endroits de l’autre sens), mais c’est entrecoupé de petites phases bienvenues où on se retrouve à parcourir une astéroïde, à se placer sur un canon pour tirer sur des météorites, à jouer avec la gravité par ici, à être tendu du slip parce qu’on n’a plus d’oxygène par-là, à résoudre un puzzle basique là-bas… En gros on s’éclate à palper l’atmosphère du jeu, bien soulevée par une ambiance sonore parfaite (peu de musique mais placée justement, et surtout des bruitages excellents). Ah, et puis une fois n’est pas coutume : l’I.A. n’est pas à chier, elle est même pas mal du tout avec des nécromorphs qui n’hésitent pas à repasser par un conduit d’aération pour nous atteindre lorsqu’on fuit comme un gros lâche…

Classique mais efficace, un adage qui convient parfaitement à Dead Space qui reprend tout un tas de trucs vu à droite à gauche, saupoudre le tout de quelques nouvelles idées sympa et paf on plonge dedans comme des cons, l’air satisfait. Il s’agit quand même là d’un Survival à ranger du côté des meilleurs, ce qui n’est pas rien…

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